mardi 8 janvier 2019

La mort de Lisanne Froon & Kris Kremers


En avril 2014, Kris & Lisanne, deux étudiantes hollandaises disparaissent lors d'une randonnée dans la jungle de Boquete, au Panama.


DISCLAIMER : Toutes les sources sont citées à la fin de l'article. Comme dans toutes les affaires de ce genre, certaines informations qui circulent sur le net sont peut-être fausses / exagérées / biaisées. J'ai fait de mon mieux pour tenter de tirer le vrai du faux, me concentrant sur les sources sûres et sur les éléments qui semblent avérés. La majorité des photos de cet article sont de vraies photos prises dans le contexte de l'histoire et non pas des images d'illustrations.





PARTIE I LE CONTEXTE

Kris Kremers (21 ans) et Lisanne Froon (22 ans) se rencontrent au cours de leurs études alors qu'elles partagent le même job étudiant dans le café restaurant In den Kleinen Hap' dans la ville d'Amersfoort aux Pays-Bas. Kris est plutôt extravertie et joviale; elle adore les enfants et se passionne de manière globale pour l'art et la peinture. Lisanne, elle, est plutôt réservée; grande sportive d'1m84, elle est passionnée de volleyball. Malgré leurs différences, les deux jeunes filles s'entendent super bien et décident d'emménager toutes les deux dans une sorte de dortoir étudiants à Amersfoort. Les deux étudiantes, brillantes et studieuses, décrochent toutes les deux leurs diplômes de fin d'études : Kris en éducation (université de Deventer) et Lisanne en Sciences appliquées (université d'Utrecht). Les filles ont une passion commune : les voyages. Elles décident d'économiser (d'après leurs proches, elles économisent pendant au moins 6 mois) pour partir au Panama pendant 6 semaines. Elles ne veulent pas seulement y faire du tourisme : Kris et Lisanne ont une réelle volonté d'y apprendre l'espagnol et de participer à des missions humanitaires pour aider les populations locales.

Les filles décollent le 15 mars 2014.
Cette photo, dans l'aéroport de Schiphol (Amsterdam), est prise le jour de leur départ :



Pendant la première partie du voyage (du 15 au 29 mars), les filles prennent deux semaines de vacances : visites des grands lieux touristiques du pays, Panama City, journées à la plage... La deuxième partie du voyage devait être consacré a une mission d'un mois dans la ville de Boquete située dans la province de Chiriquí, en tant que professeurs bénévoles dans une école de langue, (il est souvent dit sur internet que cette école serait Spanish by the river, une école tenue par une expatriée américaine, mais une petite recherche google nous indique que Spanish by the river est un hôtel...).


Boquete, photo Google image
Les filles mettent régulièrement à jours leurs profils Facebook, prennent des photos avec le Canon Powershot SX270 de Lisanne, et Kris tient un journal dans lequel elle raconte ses journées : de ce fait, nous connaissons à peu près le déroulement de leur  voyage avant leur disparition. Le 29 mars 2014, elle s'installent comme prévue chez une famille d'accueil pour le dernier mois de leur voyage. Elles apprennent alors qu'à cause de problèmes logistiques, elles ne pourront commencer leur mission qu'une semaine plus tard. Kris évoque dans son journal sa déception de ne pas pouvoir intervenir dans cette école dès leurs arrivées comme il l'était convenu "depuis plusieurs mois". Les filles se retrouvent donc avec quelques jours de libres devant elles qu'elles doivent occuper. Elles décident d'explorer doucement Boquete et sa province : surnommée la petite suisse, cette partie du Panama est absolument magnifique, pleines de lacs, de vallée et de montagnes... mais aussi de forêts tropicales et de zones sauvages inhospitalières. Boquete a une particularité : destination de choix pour les retraités nords américains, environs 14% de la population y est étrangère. C'est une ville touristique, de nombreuses activités y sont proposées, et les trails de randonnées y sont assez fréquentés. Lors de leur visite de l'école, Kris et Lisanne font la rencontre d'un guide local, Feliciano Gonzalez qui leur propose un pack d'expédition : la montée de la grande montagne de Boquete, el Mirador, via le sentier d'el Pianista (un sentier de randonnée qui grimpe le long de la montagne tel un clavier de piano) + une visite de son ranch personnel situé à quelques kilomètre du Mirador, dans la forêt. Pour des raisons inconnues, les filles déclinent cette invitation. Cependant, on sait que le 29 mars, Kris et Lisanne planifie une randonnée pour le 02 avril : la montée du volcan el Barù, avec Feliciano. Les filles ne se présenteront jamais à ce rendez-vous...




PARTIE II L'HISTOIRE

Le 01 avril vers 11h, les filles écrivent sur leurs Facebook qu'elles prévoient de se balader aux alentours de Boquete pour la journée. Elles brunch avec un groupe de garçons hollandais rencontré quelques jours auparavant avant de partir en excursion. Une grande partie des sources racontent que les filles partent accompagnées d'un chien prénommé Blue, qui serait le chien de la famille d'accueil ou un chien local connu du village qui aurait l'habitude de se balader avec les randonneurs. Il faut selon moi faire attention à cette information. Il semble établi qu'elles étaient en compagnie de ce chien à un moment ou un autre de la matinée, mais il est très peu probable que celui-ci les aient accompagné jusqu'à leur lieu de randonnée. Nous verrons pourquoi après.
-> EDIT : j'ai trouvé cet article de blog datant de février 2014 dans lequel deux touristes racontent qu'en s'apprêtant à gravir le sentier d'el Pianista, ils firent la connaissance d'un chien s'appelant Azul (bleu en espagnol) appartenant au propriétaire du restaurant italien il Pianista situé au pied du sentier. Il aurait visiblement pour habitude de s'approcher des randonneurs et de parcours une partie du chemin avec eux ! De ce fait, il correspond grandement à ce chien avec lequel les filles auraient été aperçue...

Le temps est magnifique en cette matinée du 01 avril, malgré le fait que l'on soit en plein dans le début de la saison des pluies. Les filles savent peut-être qu'il s'agit là d'un des derniers jours de beau temps de leur voyage, et c'est pour cela qu'elles décident de partir en expédition dans les montagnes environnantes. Nous pouvons voir sur les photos prises ce jour-là que les filles sont en tenues très légères : débardeurs, shorts, et petit sac à dos (un seul, celui de Lisanne). Nous pouvons également noter qu'il n'y a pas de chien sur les photos. On pourrait pourtant imaginer que Lisanne, passionnée de photographie amateur d'après ses proches, et qui visiblement adorait prendre des photos de tout et de rien pendant les deux premières semaines de son voyage, aurait sans aucun doute pris des photos de ce chien si ce dernier les avait accompagné lors de leur randonnée. 

















La famille d'accueil ne s'inquiète pas vraiment de ne pas voir Kris et Lisanne ne pas revenir à la maison cette nuit là : il s'agissait de jeunes filles en vacances, sans doute sont-elles tout simplement en train de s'amuser quelque part... Le lendemain matin, Feliciano Gonzalez, guide local très réputé dont la page Tripadvisor regorge d'avis positifs, attend les filles pour leur excursion prévue sur le volcan Barù. C'est à ce moment là qu'il rencontre la famille d'accueil des deux jeunes filles : l'inquiétude monte quand le petit groupe réalise que les filles sont introuvables depuis la veille, et que personne ne les a vu revenir de leur randonnée improvisée dans la montagne.


La chambre des filles lors de la visite de la police le 02 avril
Il est difficile de trouver exactement qui a prévenu les autorités ce jour-là : la majorité des sources affirment qu'ils s'agiraient de Feliciano et de la famille d'accueil, mais d'après le Daily Beast très renseigné sur le sujet, c'est l'école de langue qui aurait contacté les secours en premier. Ce qui est sûr, c'est que la police locale débarque vers 19h chez la famille d'accueil pour inspecter rapidement la chambre des filles : ce petit dortoir est quelque peu en désordre, quasiment toutes leurs affaires sont encore là. Ce sont d'abords les habitants de Boquete et en particulier les guides qui commencent à chercher les filles. La police, qui ne prend pas cette disparition tout de suite au sérieux, n'entame de réelles recherches que le lendemain. Le 03 avril seraient organisées les premières opérations de recherches à Boquete et aux alentours. Les parents des filles sont contactés et ces derniers confirment qu'ils sont sans nouvelle depuis le 01 avril au matin. Le problème pour les autorités, c'est que personne ne sait vraiment où sont parties se balader les filles. Cette randonnée dans la montagne semble totalement improvisée. Plusieurs indices indiquent que Lisanne et Kris n'avaient pas prévues de partir pour une réelle longue excursion ce jour là (leurs vêtements et le contenu de leurs sacs, le post sur Facebook...).

Après avoir interrogé les touristes et les habitants de Boquete, les autorités obtiennent enfin un indice sur leur possible localisation : les filles auraient été aperçues empruntant le sentier de randonnée el Pianista qui mène à la montagne du Mirador. Cette ascension de 2 heures environ, la même que celle proposée par le guide à l'école de langue quelques jours auparavant, est située à 7km de la ville de Boquete. Ne sachant pas quoi faire de leur journée et ayant eu vent de cette balade apparement assez facile et courte, il est en effet possible que les filles aient décidé d'entamer l'ascension du Mirador cette journée du 01 avril. D'après cet article d'NBC News du 23 avril 2014, les filles auraient demandé conseil à un aubergiste pour savoir comment se rendre sur le sentier d'el Pianista le 01 avril au matin. Celui-ci leur explique alors que le meilleur moyen est de prendre un taxis. Il affirme ne pas savoir ce que les filles ont ensuite fait. La police arrive à retrouver un chauffeur de taxis, Léo Gonzalez, qui confirme avoir conduit les filles de Boquete à el Pianista dans la matinée du 01 avril (impossible de savoir exactement à quelle date la police a retrouvé ce chauffeur de taxis). Encore une fois, cette histoire de taxis compromet un peu la thèse du chien qui les auraient soit-disant accompagné...


Sur instagram on peut voir plusieurs photos de personnes montant el Mirador via le sentier du Pianista. Cela nous permet d'imaginer un peu comment s'est passée la randonnée des filles. On se rend compte que le paysage est magnifique, sauvage, assez compliqué quand même, mais on voit aussi que les routes sont bien tracées et que même des familles avec des enfants les empruntent ! 




Photo prise par les autorités panaméennes des recherches dans la jungle en avril


L'équipe de secours hollandaise et leurs chiens
Les recherches continuent, menée par le SINAPROC (unité de prévention et de gestion des risques du Panama) concentrées cette fois-ci sur el Pianista et el Mirador. Le 06 avril, les parents des deux jeunes filles débarquent au Panama accompagnés de renforts des autorités hollandaises (détectives, polices, unités de recherches et une dizaines de chiens entrainés). Les locaux aident aussi énormément, en particulier les guides de Boquete qui cherchent sans relâche une trace de Kris ou de Lisanne... en vain. Les parents décident d'offrir 30 000 dollars à quiconque aurait des informations qui aideraient à localiser les filles. Les recherches se poursuivent même la nuit : une énorme battue est organisée le 08 avril (a priori même dès le 07 au soir, et dans la nuit du 07 au 08) durant laquelle on envoie notamment des fusées éclairantes. Mais rien y fait. Le climat est humide, la jungle dangereuse et hasardeuse, il y a énormément de vent et le flair des chiens sur-entrainés ne suffit pas... Les participants aux battues cherchent des aiguilles dans une motte de foin.

Hans Kremers, le père de Kris
Attention aux dates concernant les opérations de secours : en effet, certains locaux affirment que les autorités ne se sont vraiment impliquées dans les recherches qu'à partir du 06 avril, et que les premières recherches en hélicoptères n'ont eu lieu qu'à partir du 07/08 avril...



Panneau de disparition de Lisanne et de Kris à Boquete


Le cas est extrêmement médiatisé au Panama et aux Pays-Bas. Dans la région de Boquete, on ne parle plus que de la disparition de las holandesas. Les semaines passent sans aucune nouvelle des filles. L'enquête est au point mort, les recherches dans la jungle sont de plus en plus rares, et les parents de Kris et Lisanne rentrent chez eux.


Sur ce site d'expatriés de Boquete se trouve la retranscription en anglais d'un article panaméen (du média TVN-2) datant du 23 avril 2014 : il y est dit que Ana Belfon, la procureur générale du Panama, soupçonne un lien entre la disparition des deux jeunes filles et celles de nombreux autres étrangers en voyage dans la province. Le cas de Lisanne Froon et Kris Kramers est alors porté devant la Cour comme une affaire criminelle : la police criminelle s'empare de l'enquête. L'avocat Edgardo Diaz Falcon (ndlr : malgré mes recherches je n'ai pas trouvé qui était cette personne) admet que la police locale de Boquete n'est pas préparée pour des investigations de grandes ampleurs. Il ajoute aussi que les 48 heures étaient cruciales dans un cas comme celui-ci, et que "ce qui aurait dû être fait n'a pas été fait". 
L'article mentionne ensuite plusieurs cas de disparitions de touristes dans la région de Chiriquí : le retraité américain Robert Elhert (disparu le 21 juin 2013 / edit : toujours disparu à l'heure où j'écris cet article), l'américaine Yvonne Lee Baldelli disparue en septembre 2011 alors qu'elle était en vacances avec son compagnon / edit : en 2016, son compagnon a reconnu être coupable de son meurtre) et le canadien Ed Moynan (disparu en novembre 2012, son corps fut retrouvé dans une valise en mars 2013 / edit : un touriste suisse de 56 ans est arrêté en août 2014, malgré de longues recherches je n'ai pas réussi à savoir si il avait été condamné).





PARTIE III L'ENQUETE 

A) LE SAC
Photo prise par les autorités panaméenne du sac et de son contenu

Ce n'est que dix semaines plus tard, en juin 2014, qu'un élément vient relancer l'enquête. Quelques kilomètres au nord de Chiriqui se trouve la région de Bocas del Toro : une zone extrêmement sauvage habitée uniquement par des clans indigènes. C'est dans cette province qu'une femme de la tribu autochtones des Ngäbe habitant dans le village d'Alto Romero dit avoir retrouvé sur les berges du rio Culebra (la rivière du serpentle sac à dos bleu de Lisanne. Elle le rapporte directement aux autorités en affirmant qu'il n'était pas là où elle l'a trouvé la veille.


Le sac est immédiatement analysé. Ce qui choque d'abord les autorités, c'est le relativement bon état dans lequel est le sac lorsque la femme indigène l'amène au commissariat. Il n'est ni mouillé, ni abimé, les affaires dedans sont bien rangées, sèches, en bon état; les appareils électroniques fonctionnent tous correctement (bien que, évidemment, ils soient tous vidés de leurs batteries au moment où la police s'empare du contenu). L'erreur que va commettre la police à ce moment là, c'est que le sac, qui constitue une pièce capitale du dossier, ne va pas du tout être protégé et analysé à sa juste valeur. Il va être manipulé par plusieurs personnes et il n'y aura aucun échantillon de terre ni de matière prélevé dessus : cela aurait pu être intéressant d'analyser la terre présente dessus pour savoir où il avait été, ainsi que l'eau de la bouteille.

A l'intérieur se trouvent : deux paires de lunettes bon marché, l'appareil photo Canon Powershot SX270 de Lisanne avec une carte SD dedans, l'iPhone 4 de Kris, le Samsung Galaxy S III de Lisanne, 83 dollars américain (devise légale au Panama), le passeport de Lisanne, une bouteille d'eau (semblant contenir un peu d'eau) et deux soutiens-gorge (ceux que les filles portaient le jour de leur départ).

-> Point soutien-gorge : je  ne sais pas où placer cela, mais je tenais vraiment à faire un point sur ce sujet. Sur internet et en particulier sur les espaces de discussion, beaucoup font toute une affaire du cas des deux soutiens-gorge trouvés dans le sac à dos. Pour ma part, rien me semble plus logique ! Enormément de femmes ne supportent pas de garder leurs soutiens-gorges pendant toute une journée. Je suis absolument certaine qu'à leur place j'aurai enlevé mon soutien-gorge au bout de quelques heures perdues dans la forêt, probablement dès le premier jour. Elles les ont sans doute enlevé pour leur première nuit et ne les ont jamais remis. C'est inconfortable, fait mal au dos, donne chaud, et dans ce contexte parfaitement inutile




B) LES PHOTOS



D'abord, les autorités s'intéressent au contenu de l'appareil photo. Les experts panaméens et néerlandais collaborent pour l'expertise de la carte SD. L'analyse des photos confirment que les filles ont bel et bien entamé la montée d'el Pianista peu après 11h du matin le 01 avril 2014. Certains observateurs remettent en cause la date du 01 avril, affirmant que les réglages de l'appareil photo ne sont pas fiables car réglés à l'heure hollandaise, et que 5 témoins affirment avoir vu Kris et Lisanne dans l'après-midi du 01 avril, se balader en centre-ville de Boquete... Cependant, ces témoignages sont considérés comme peu fiable par la police panaméenne. De plus, des experts analysent les rayons du soleil sur les photos et confirment que celles-ci ont bien été prises le 01 avril. La météo appuie également cette thèse.

Le journal The Daily Beast est le premier à avoir accès à la série d'images.

Le Canon de Lisanne n'a pas de GPS intégré comme c'est le cas sur la plupart des appareil photo actuel. Nous ne pouvons donc pas savoir les lieux où les photos sont prises, mais nous pouvons connaitre les heures et les jours des clichés. D'après l'appareil, les filles ont atteint le sommet du Mirador vers 13h :










Les photos suivantes indiquent que Kris et Lisanne ont ensuite décidé de ne pas repartir par le sentier d'el Pianista, mais par un chemin beaucoup plus sauvage et sinueux, ressemblant dangereusement à la jungle qui se trouvent de l'autre côté du Mirador. En continuant leur route dans la direction opposée à Boquete, les filles changent de province et quitte Chiriquí pour Bocas del Toro, une région sauvage peuplée par des indigènes, dans laquelle les randonnées sans guide aguerri sont très fortement déconseillées. Pourquoi avoir pris cette route ? Il faisait beau, il était encore très tôt, et les filles, en forme, n'avait rien de prévu de leur après-midi... Sans réaliser le danger de s'aventurer dans la jungle, Lisanne et Kris ont décidé de se balader dans cette zone sauvage et se sont rapidement perdues. Cet excès de zèle mêlé d'inconscience sera une énorme erreur.

Les photos qui suivent montrent un paysage et une ambiance totalement différents. Même les expressions sur le visage de Kris ont changé. Les grands sourires laissent place à une mine inquiète et fatiguée.























La dernière photo normale, la photo numéro 508 de l'appareil photo, est prise ce jour là vers 13h50. Kris se tient au bord d'un ruisseau, certainement une branche du rio Culebra :



Photo 508


Sur la photo précédente (la 507), prise exactement 8 secondes plus tôt, on peut apercevoir que Kris a de la terre sur son short et sur son mollet :


Photo 507


Détail important : on voit bien que sur l'ensemble de ces photos, les filles sont absolument seules, et ne semble pas contraintes de quoi que ce soit par qui que ce soit. Par la suite, plus aucune photo n'est prise pendant une semaine

Dans la nuit du 07 au 08 avril, entre 1h et 4h du matin sont prises 90 photos (avec un intervalle de 2min en moyenne entre chacune d'entre elles). Dans cette longue série de clichés, 87 photos sont quasi-inexploitables. Certaines sources affirment que ces photos sont ratées, noires comme si le cache de l'appareil photo était resté dessus (à noter que le Canon Powershot SX270 n'a pas de cache manuel, mais un cache intégré qui s'ouvre de lui-même lorsqu'on l'allume) ; d'autres pensent tout simplement que les photos ont été prises dans la pénombre de la jungle, visant peut-être une zone noire telle que le ciel. Les données de l'appareil confirme que les 90 photos ont été prise avec l'option flash enclenchée. Malgré cela, il faut bien comprendre que les nuits dans ce type de jungle, qui plus est pendant la saison des pluies, sont plongées dans une véritable pénombre. Ces photos sont envoyés aux Pays-Bas pour être étudiées par des spécialistes : ils dégagent 3 photos viables qu'ils partagent au grand public. Les experts (qui sont les seuls à avoir eu accès à toute la série de clichés) affirment deux choses : on peut voir qu'il pleuvait énormément; et elles sont quasiment toutes prises au même endroit.


Photo 1 :




Personne n'arrive à confirmer si cette photo est prise d'en haut ou d'en bas. Il se pourrait que cette photo soit prise du bas d'un ravin, et que la partie noire en haut à droite soit le ciel et des gouttes de pluies. Cependant, la plupart des gens pensent qu'il s'agit d'une photo prise au dessus d'un ravin, et que la partie noire serait la rivière. Beaucoup d'observateurs disent même apercevoir un corps humain à droite. Personnellement, je pense qu'il s'agit de branchages, mais je vous laisse juger...








Photo 2 :




Cette photo est encore plus énigmatique que la précédente. Certains ont trouvé des similitudes entre la partie gauche de cette photo et la partie droite de la première, comme si elles avaient été prises l'une à coté de l'autre. Ces branchages semblent être des indicateurs, certains voient même des flèches indiquants des directions. La police panaméenne a affirmé avoir retrouvé des sacs plastiques dans la chambre des filles semblables à ces petits bouts rouges. On peut donc imaginer que Kris et Lisanne avaient avec elle un sac de ce genre, et l'ont découpé pour en faire des points de repères. 



En analysant la photo et en surexposant la lumière, plusieurs éléments apparaissent, notamment des câbles tendues dans le vide. Tout laisse à penser que les filles étaient au dessus d'un pont de singe : des ponts de fortune empruntés par les indigènes pour traverser la rivière. La traversée de ce genre de pont est réputée très dangereuse, notamment en saison humide. D'après mes recherches, il arrive souvent que des indigènes périssent eux-même en les traversant.


Photo d'un guide dans la jungle, probablement lors des recherches, peut-être le pont de la photo


Photo google image montrant la différence entre le rio Culebra durant la saison sèche et la saison des pluies


Photo 3 :



La 3e photo viable de cette série est très difficile à trouver. Les autorités l'ont diffusé brièvement, puis l'ont retiré des sites officiels. Il s'agit sans aucun doute possible de l'arrière de la tête de Kris. Certains voient nettement des traces de sang dans ses cheveux... pour ma part, je ne peux affirmer cela. 


Photo 4 ? :




Cette photo est trouvable sur internet. Il s'agirait d'un gros plan fait sur une des photos de la série des 90 photos de nuit. On y voit une succession d'objets, notamment une sorte de miroir et des bouts de papiers, étalés au sol comme un SOS servant à être repéré. Je ne suis pas sûre que cette photo doit être prise avec autant de considération que les autres, car elle est beaucoup moins citées dans les sources, même si elle est évoquée par wikipedia ("another photos shows what looks like toilet paper and a mirror on another rock") qui prend comme source le Daily Beast. Si il s'agit bien des filles qui ont pris cette photo, on peut se demander comment elles ont eu accès à ces papiers et à ce miroir...



Ces clichés tendent à montrer que les filles se sont perdues seules en s'aventurant du mauvais côté de la montagne. Elles témoignent aussi du fait que Kris et Lisanne, dans un instinct totalement naturel de survit, ont décidé de suivre la rivière pensant que cela les mèneraient quelque part. Grave erreur : si cela est le cas dans les forêts typiques d'Europe ou d'Amérique du nord, les rivières dans les forêts tropicales mènent souvent encore plus dans le coeur de la jungle, elles sont sauvages et s'entrecroisent, se séparant en une multitudes de petits ruisseaux... (le crédit de cette analyse revient au podcast de Distorsion sur le cas de Kris et Lisanne). Les photos ajoutées au lieu où l'on a retrouvé le sac tendent à prouver que les filles ont suivi le rio Culebra dans la mauvaise direction, se dirigeant vers le nord de la jungle et s'enfonçant encore plus dans la province de Bocas del Toro.

Pourquoi cette série de 90 photos dans la nuit du 7 au 8 avril ? Plusieurs théories :
- Ce qui me semble le plus probable, c'est que ces photos ont été faites dans le but d'être repérées grâce au flash. Souvenez-vous, c'est exactement dans la nuit du 07 au 08 avril qu'aurait eu lieu la grande battue de nuit accompagnées d'hélicoptères et de fusées lumineuses. Les filles ont sans doute entendu et/ou vu les secours et ont tenté d'être repérées... en vain. Ce type de jungle, en particulier durant la saison des pluies, étouffe tout, sons et lumières...Cependant, les experts qui ont vu toute la série de 90 photos ont tout de même affirmé qu'ils leurs semblaient peu probable que ces clichés aient pour vocation de se rendre visible à un hélicoptère ou à une patrouille de secours : ils montrent des plantes, des rochers, un ravin, des cheveux, des objets au sol... et n'éclairent ni le ciel ni l'horizon.
- L'autre théorie principale concernant cette série de clichés est que Lisanne aurait tenté de raconter une histoire, ou de garder une trace d'un événement survenu cette nuit là. La photo des cheveux, les photos du ravin et du pont de singe signifierait alors que Kris aurait chuté de ce pont.
- Les photos servent à éclairer : c'est une idée populaire sur internet, mais un flash n'éclaire pas, au contraire, il éblouie pendant quelques secondes et abime notre vue... Cependant, il aurait permis à Lisanne de voir sur les photos ce qu'elle n'arrivait pas à voir dans le noir.
- Y avait-il une volonté d'effrayer un animal avec les flashs ? Je trouve cette théorie peu probable mais cela reste une possibilité.
- Ces photos peuvent aussi être expliquer par un acte illogique : Lisanne pouvait être en train d'halluciner et agir de manière déraisonné car intoxiquée par l'eau (et le manque d'eau) / un virus / un venin / un fruit toxique...
- Même si cela semble très probable, rien ne certifie que ces photos furent prises par l'une des filles...



Détail troublant : comme nous l'avons vu plus haut, le dernier cliché pris le 01 avril est la photo numéro 508. La première photo prise dans la nuit du 07 au 08 avril est la photo numéro 510. Où est donc passée la photo 509 ? Les experts qui analysent l'appareil photo assure que cette photo n'a pas été effacée manuellement à partir de l'appareil, mais à partir d'un ordinateur ayant accès directement au contenu de la carte SD. Quelles explications données à cela ? Plusieurs idées circulent sur le net :
- Une erreur de la police (ils ont eux-même effacé cette photo au cours de leurs analyses);
- Ce sont les filles qui ont supprimé cette photo dans la journée du 01 avril et les autorités se trompent lorsqu'elles affirment que la photo a été supprimé à partir d'un ordinateur;
- Un bug de l'appareil photo (apparemment, cela est très peu probable);
- Quelqu'un ou un groupe de personne incriminée par la photo l'aurait effacé avant que le sac à dos ne soit rendu à la police
- Cette information que l'on peut pourtant retrouvée sur de nombreux sites fiables et qui est relayée par la plupart des journalistes ayant couverts l'enquête... est fausse. Cela arrive plus souvent que l'on ne le croit !


Plus aucune photo n'est ensuite prise.



C) LES TELEPHONES

C'est ensuite les deux téléphones portables de Kris et de Lisanne qui sont examinés. Les enquêteurs observent que les filles ont capté une réception tout le long de leur montée sur el Pianista, jusqu'à leur arrivée sur le Mirador. Les filles ont perdu ce signal dès qu'elles sont passés de l'autre côté du versant de la montagne, soit exactement à 13h39. 3 heures plus tard a eu lieu la première tentative d'appel des secours...


Les analyses des téléphones, qui font froid dans le dos, nous donnent de précieuses informations. De nombreux tableaux disponibles sur internet listent toutes les actions effectuées par les filles sur leurs mobiles. Attention, encore une fois, certains tableaux se contredisent légèrement...

Ce tableau ci-dessous est selon moi un des plus fiables disponibles, avec le tableau de Wikipedia. Attention à la colonne de droite qui retracent les actions des recherches, les dates indiquées ne correspondent pas toujours aux dates officielles.




Ce tableau nous apprend que l'iPhone de Kris a tenu au moins 11 jours (jusqu'au 11 avril) et le samsung de Lisanne 5 jours (jusqu'au 05 avril). Pour sauvegarder de la batterie, les téléphones étaient éteints et rallumés régulièrement. Entre le 01 et le 03 avril, les filles ont tenté d'appeler les secours via le 112 et le 911. D'après Wikipedia, le 112 est un numéro d'urgence européen qui fonctionne dans d'autres pays du monde en redirigeant l'appel vers le bon numéro d'urgence du pays en question. Le 911 est le numéro d'urgence du Panama comme c'est le cas dans la plupart des pays d'Amérique du nord et centrale. 

Dès 16h39 dans la journée du 01 avril, soit environs 3 heures après avoir entamé la descente du Mirador, les filles font leur première tentative d'appel d'urgence au 112 à partir de l'iPhone de Kris, puis à 16h51 à partir de l'iPhone de Lisanne. Ensuite, plus aucun appel n'est tenté avant le 02 avril à 6h58, 08h14, 10h53 et 13h56. 3 tentatives sont re-tentées le lendemain, toute avec l'iPhone de Kris à 9h33. Les filles auraient réussi à capter un signal pendant 3 secondes lors d'un appel au 911 le 03 avril, c'est la seule fois où elles auraient capté un signal. Plus aucune tentative d'appel n'est faite après ce 03 avril, sans doute car le réseau est beaucoup trop faible et que les filles ne prennent plus la peine d'essayer, voulant conserver au maximum leurs batteries. On observe que plusieurs fois par jour, elles continuent de checker le signal. Détail que certains ont relevé : elles ne le font qu'en journée, souvent assez tôt vers 10h ou 13h. Le 05 avril à 05h, le samsung de Lisanne n'a plus de batterie.

A partir du 06 avril à 10h26, l'iPhone de Kris ne sera plus jamais allumé avec le bon code pin. Des tentatives sont effectuées régulièrement entre le 06 et le 11 avril, mais jamais le bon code ne sera entré dans l'appareil. Il semblerait donc que Kris ait perdu connaissance ou soit décédée aux alentours du 06 avril, et que Lisanne ait survécu quelques jours seules, continuant désespérant de checker les signaux et d'entrer dans le téléphone de son amie. Alors que seules 3 ou 4 tentatives étaient faites tous les jours entre le 01 et le 06 avril, 77 sont effectuées entre le 07 et le 10 avril. Lisanne tente de trouver un signal 8 fois le 11 avril vers 10h51, puis, étonnement, laisse le téléphone allumé pendant 1h05, l'éteignant seulement à 11h56. Il n'y ensuite plus aucune activité sur ce téléphone. Chose frustrante : il est impossible de savoir quand l'iPhone est devenu vide de sa batterie. C'est pourtant une information capitale pour déterminer combien de temps à survécu Lisanne.


Il est intéressant de noter comment les filles cherchaient le signal et appelaient quasiment à la même heure tous les jours. D'abord, avaient-elles des montres ? Cela était-il fait exprès ? Sur ce forum de discussion, une anonyme évoque l'hypothèse d'un rituel mis en place par les filles : "les filles avaient peut-être instauré une sorte de système 'à telle heure on boit une gorgée d'eau ... puis à telle heure ... on crie au secours pendant dix minutes. A telle heure on appel 911.'  beaucoup de gens crée un système de ce genre une fois que la panique du début est passée, c'est une manière de rester calme et de garder ses esprits".


-> J'aurai beaucoup aimé savoir quels sont les codes PIN qui ont été rentrés comme tentative d'allumer le téléphone. Cela aurait pu nous en dire beaucoup sur qui essayait de pénétrer dans le téléphone (Lisanne ou un inconnu...) : anniversaires, dates clés qu'un inconnu n'aurait pas pu connaître, etc.



 D) LES RESTES

Suite à cette découverte, la procureur Ana Belfon (citée plus haut) fait le déplacement en personne à Boquete. Elle se rend près d'Alto Romero pour s'entretenir avec les autorités locales. Anecdote témoignant des conditions difficiles de la jungle panaméenne pour des citadins : Belfon doit être conduite à l'hôpital quelques heures après son arrivée pour cause de déshydratation...


Avec l'aide de la tribu des Ngäbe, des guides et des volontaires, les autorités concentrent leurs recherches autour du rio Culebra. Ils parviennent rapidement à trouver quelques restes humains.


La carte ci-dessous localisent les restes et objets trouvés appartenant aux filles :



On retrouve d'abord le short de Lisanne (point turquoise) à quelques kilomètres de l'emplacement du sac à dos. Il fut d'abord dit que le short avait été trouvé plié soigneusement sur un rocher le long de la rivière, mais certains témoins sont venus ensuite affirmer qu'il fut trouvé dans l'eau le long de la berge. A quelques mètres du rocher sur lequel on a trouvé le sac à dos (point rose), on retrouve deux mois plus tard le pelvis de Kris et derrière un arbre la chaussure de randonnée (gauche) de Lisanne avec le pied encore à l'intérieur en bon état (point bleu). Ensuite, on retrouve en amont de la rivière une côte appartenant à Kris (point jaune). En tout, ce sont 33 fragments d'os appartenant aux filles que l'on retrouve le long du rio Culebra : 28 pour Lisanne (dont 26 appartiennent au pied retrouvé dans la botte) et seulement 2 pour Kris (le pelvis et la côte)Les os ne sont pas dans les mêmes conditions : les os de Lisanne ont encore de la chair sur eux, tandis que ceux de Kris semblent avoir été lavés, peroxydés. Un anthropologue judiciaire panaméen affirme après analyse qu'"il n'y a aucune trace visible de quelque sorte sur les os". Seul le pied de Lisanne dans la botte présenterait des traces de lésions. Certains journalistes parlent même d'évidences qui prouveraient que Lisanne est tombée de plusieurs mètres. D'après la chaine de news britannique ODN TV et ce reportage datant de juin 2014, une chaussure de Kris aurait aussi été retrouvée, mais vide.

-> Concernant le pied de Lisanne retrouvé dans la botte, cela est quelque chose de commun d'après les experts : les pieds d'une personne morte dans l'eau vont se détacher rapidement du reste du corps. Cet article de Wikipedia relate l'affaire des pieds humains découverts régulièrement dans la mer des Salish : par un effet de courant marin très particulier, des pieds de personnes noyées dans l'océan Pacifique sont régulièrement découverts flottant près des berges de Colombie-Britannique.

Aucun autre reste des filles ne fut jamais découvert.



 Autres éléments de l'enquête

Plus de 30 différents ADN sont prélevés sur le sac à dos et son contenu. Deux explications plausibles : plusieurs indigènes ont touché le sac avant qu'il soit amené à la police, et/ou les policiers ne semblent pas avoir pris les précautions nécessaires pour empêcher le sac d'être manipulé par plusieurs personnes lors de son arrivée au commissariat. Des fragments d'os appartenant à trois personnes différentes sont retrouvés près des restes de Lisanne et Kris. Il semblerait qu'il ait été démontré qu'ils s'agiraient de restes indigènes. Cela n'a rien de si surprenant, en effet, les peuples vivant dans la jungle ne communique pas forcément avec les autorités sur les morts et les disparitions de membres de leurs villages. Tout comme ce qui est arrivé à Kris et à Lisanne, certains indigènes se perdent dans la jungle ou meurent victimes d'un accident ou attaqués par des animaux. Il parait également que les os de ces 3 personnes inconnues provenaient d'un semblant de cimetière indigène. Une chaussure bleue fut également retrouvée dans la même zone le long de la rivière (la possible chaussure de Kris évoquée par ODN TV ?).


=> Cette vidéo de juillet 2014 filmée par le père de Kris au Panama est extrêmement intéressante. Bien que totalement en néerlandais, les images permettent de voir concrètement une battue de recherches pour les filles avec la famille Kremers dans la jungle, et rendent compte ainsi de la réalité du terrain. A noter aussi que l'on peut voir le fameux chien "Blue" se balader avec la petite équipe. Hans Kremers dans cette vidéo décrit ce chien ainsi "voici Blue, le chien du restaurant il Pianista, il court souvent avec les touristes". Il semble ignorer les rumeurs qui disent que ce chien était en compagnie des filles lors de leur disparition... ce qui décrédibilise encore plus cette information. A noter sinon : dans cette vidéo, les parents de Kris sont accompagnés de Feliciano Gonzalez et de deux guides au même nom de famille qui pourrait bien être ses enfants ou des jeunes de sa famille. On peut voir cela dans le "générique" de fin de vidéo (l'orthographe utilisée est alors Gonzales, mais cela semble être une erreur).





PARTIE IV CONCLUSION OFFICIELLE


Bien que d'abord considérée comme une enquête criminelle (voir plus haut dans l'article), les photos, l'analyse des téléphones, et les restes retrouvés amènent les autorités panaméennes à la conclusion suivante : Kris Kremers et Lisanne Froon sont mortes de manière accidentelle lors de leur randonnée, se perdant dans la jungle, et très certainement en étant emportées par la rivière

Voici le récit officiel de ce qui est arrivé aux deux jeunes néerlandaises d'après les enquêteurs :
Le 01 avril, elles improvisent la montée du Mirador, qu'elles atteignent vers 13h. Elles décident d'ensuite d'explorer le versant opposé de la montagne : la jungle de Bocas del Toro. Elles se perdent rapidement, et Kris est sans doute victime d'un accident (serpents, chutes). Les filles sont probablement immobilisées quelque part près de la rivière qu'elles suivent depuis le premier jour. Kris et Lisanne survivent grâce à l'eau de la rivière et de la pluie, mais sont sans doute très affaiblies par les éléments naturels de la jungle et le climat terrible de la saison des pluies. Kris décède (ou perd définitivement connaissance) vers le 06 avril et Lisanne reste à ses côtés au moins jusqu'au 08 avril, nuit durant laquelle elle prend 90 photos pour se faire repérer des hélicoptères. Elle prend également ce cliché de la tête de son amie inconsciente ou décédée. Elle continue ensuite son chemin seule durant quelques jours et décède elle aussi, probablement au alentours du 11 avril. Les restes des filles témoignent qu'elles ont du périr dans ou aux abords de la rivière (pied détaché du corps, os lavés de toute chair comme mangés par un serpent, restes encore non retrouvés car au fond de l'eau et transportés loins avec le courant).  

Aucune enquête criminelle n'est ouverte et le cas est considéré comme résolu.




PARTIE V LES DOUTES


Si ce cas fascine autant, encore à l'heure actuelle, c'est certainement car pour beaucoup de gens, les conclusions de l'enquête ne sont pas satisfaisantes. La thèse officielle parait simpliste et n'explique pas tous les faits.

Des éléments restent troublants :

- Le bon état dans lequel le sac à dos a été amené au poste de police ;
- Les nombreux restes et affaires appartenant aux filles jamais retrouvés ;
- Les os de Kris lavés, sans chairs dessus, après seulement quelques semaines dans la jungle;
- Les petits bouts d'os appartenant à trois personnes différentes retrouvés près des fragments d'os des deux filles;
- Le fait que les filles ne furent jamais retrouvées pendant les grandes battues entre le 03 et le 10 avril, alors qu'elles semblent être passées dans le périmètre des recherches;
- La photo effacée numéro 509;
- La manière dont les restes des filles ont été retrouvés : le short seul en bas de la rivière, la côte de Kris retrouvée en amont de la rivière donc à contre-courant... de manière générale, cette espèce de mise-en-scène où les restes sont retrouvés tout le long de la rivière comme un fait exprès;
- Le chauffeur de taxis Léo Gonzalez (celui qui conduisit les filles au sentier d'el Pianista le 01 avril) retrouvé mort au printemps 2015, soit un an plus tard, dans des circonstances peu claires (noyé dans un lac peu profond)
- Le guide Feliciano rapidement considéré comme suspect : son ranch se situe dans la jungle là où les filles se sont perdues, et son frère résiderait au village indigène d'Alto Romero près de là où le sac fut retrouvé.
- Pourquoi les deux filles sont-elles mortes ? Kris comme Lisanne étaient en très bonne santé physique. Un accident est possible, mais que les deux n'aient pas survécue, et qu'aucune des deux n'aient réussi à être secourue est encore plus bizarre que si il ne s'agissait que d'une seule disparition.
- Pourquoi n'ont-elles pris aucune photo entre le 01 avril et le 07 avril ? Et pourquoi n'ont-elles jamais voulu laisser de messages à leurs proches ?
- Pourquoi ont-elles décidé le premier jour de continuer la randonnée dans ce sentier périlleux, alors qu'elles venaient déjà de monter le Pianista pendant deux heures en pleine chaleur, et qu'elles savaient qu'elles avaient encore deux heures de marches pour le redescendre...
- Pourquoi n'ont-elles jamais pu retrouver leur chemin alors qu'il semblerait qu'elles aient suivi pendant plusieurs jours un sentier indigène, certes difficile, mais menant quelque part...



A) Enrique Arrocha 
Enrique Arrocha
A cause de tout ces éléments, de nombreuses personnes n'adhèrent pas aux conclusions officielles, à commencer par les avocats des familles et en particulier l'avocat des Kremers, maitre Enrique Arrocha qui doute totalement de la thèse de l'accident.

Arrocha souligne plusieurs contradictions
- Pourquoi n'a-t-on retrouvé aucune marque, aucune trace du passage des filles dans la forêt (traces de passages humains tels que des lits de fortunes, des objets leurs appartenant...) alors qu'elles sont sensées y avoir vécu plusieurs jours, et alors même que les photos prouvent qu'elles ont tenté de laisser des signes de leurs passages et des SOS sur le sol.
- Leur silence. Elles n'ont en effet jamais tenté d'envoyer un message, ni de laisser une vidéo pour leurs proches, alors qu'elles étaient très connectées à leurs téléphones et aux réseaux sociaux, et que Kris avait pour habitude de tenir un journal et d'aimer écrire tout ce qui lui arrivait. A ceux qui disent qu'elles avaient d'autres choses à penser et qu'elles souhaitaient préserver les batteries des téléphones, Arrocha répond que dix jours dans jungle, c'est extrêmement long, surtout pour Lisanne qui resta seule au moins 5 jours, et que les filles n'ont pas pu physiquement marcher et chercher leur chemin pendant ces 10 jours et 10 nuits. Elles avaient forcément des nombreuses heures à vide, perdues et désespérées, durant lesquelles l'envie d'écrire un message pour leurs proches leur a certainement traversé l'esprit.
- L'inefficacité des secours : les deux jeunes filles sont mortes tout près des battues de recherches. Il est selon lui invraisemblable que les opérations de sauvetage ne soient jamais tombées sur elles durant les longues recherches effectuées jours et nuits par des autorités entrainées panaméennes et néerlandaises, des chiens renifleurs et des guides connaissant très bien les lieux.
- Où sont les vêtements ? Les animaux ne mangent pas les vêtements, et ils n'auraient pas pu se détériorer au point de disparaitre en seulement 2 mois dans l'eau. Pourquoi le short a-t-il été retrouvé à part ? Kris l'avait-elle enlevé ?
- De même, où sont les gros os ? Les animaux ne mangent pas les crânes. Ce ne sont que des petits os qui ont été retrouvé, les squelettes entiers ont quasiment disparus. Arrocha affirme que les indigènes retrouvent très régulièrement des carcasses entières d'animaux sur les berges de la rivière. Selon lui, si les filles avaient été mangé par des animaux sauvages, c'est dans cet état que l'on aurait dû les retrouver.
- L'état des os : pourquoi ceux-ci n'ont-ils aucune marque, aucune trace de quoi que ce soit ? L'avocat déclare qu'"il est impossible que les os soient dans cet état" si les filles sont mortes dans la rivière. Pourquoi les os de Kris ont-ils cet aspect lavés ?


B) Comment ont-elles pu se perdre, et mourir ? 

Le père de Kris, Hans Kremers refit le déplacement en juillet (voir sa vidéo postée plus haut) et en septembre 2014 pour tenter, avec le guide Feliciano, de parcourir le chemin pris par les filles. Selon lui, il parait vraiment étrange que les filles n'aient pas pu retrouver leur chemin le premier jour sur ce sentier pas si compliqué et relativement fréquenté  (par des touristes et des indigènes) surtout avec le climat très clément du premier avril. Ils atteignent rapidement le lieu de la dernière photo du 01 avril où Kris se tient debout près de la rivière. Le sentier indigène que les filles parcours est bien tracé et il semble facile de pouvoir revenir sur ses pas.

Sur ce site de météo panaméen, nous pouvons avoir accès aux données météo d'avril 2014. Il ne semble pas que, contrairement à ce qui est dit partout, il pleuvait des torrents durant la semaine de leur disparition...

Cette vidéo amateur montre des touristes naviguant dans un chemin indigène de Bocas del Toro le long du rio Culebra. On peut avoir un aperçu du paysage dans lequel se trouvait les filles : si on comprend que en effet, c'est la pleine nature sauvage, on voit également que ces sentiers sont relativement utilisés par des indigènes et des touristes, qui retrouvent leur chemin sans peine... On voit d'ailleurs sur les photos qu'elle(s) ont pris de nuit, qu'elles se trouvaient tout près d'un monkey bridge et donc d'un sentier indigène...

Pourquoi les filles n'ont-elles pas pu rebrousser chemin le 01 avril ? Ont-elle subit un accident qui les a immobilisé ? 

On peut également se demander si la jungle est tellement hostile que deux jeunes filles en bonne santé ne peuvent y survivre plus de 10 jours. Kris est morte très tôt. Comment cela se fait-il ? Quelle est la probabilité pour que les deux filles aient eu un accident ? On peut prendre comme référence le cas célèbre de Juliane Koepcke : cette jeune allemande de 17 ans a survécu 11 jours dans la jungle amazonienne après un crash aérien. Toute seule, très jeune, gravement blessée, et naviguant dans une jungle plus dense et plus dangereuse que celle du Panama, elle est parvenue à survivre sans nourriture jusqu'à ce qu'elle tombe sur un groupe d'indigènes. Kris et Lisanne étaient deux jeunes femmes de 21 et 22 ans, assez sportive et en bonne santé, qui marchaient sur un sentier non loin de villages indigènes... Si Juliane a survécu, on se demande comment ni Kris ni Lisanne n'est parvenue à s'en sortir.



C) Le problème des restes humains 


Les restes des filles rapatriés dans des cercueils aux Pays-Bas
Octavio Calderon, un criminologue panaméen, réfute la thèse officielle dans la presse (voir cet article de septembre 2014 du journal panaméen La Estrella de Panama) et explique que les os de Kris pourraient avoir subit un traitement chimique avec l'utilisation d'un produit pour accélérer la décomposition et effacer des traces. De telles affirmations se basent sur le fait que les experts scientifiques ont relevé sur les os de Kris des niveaux anormalement élevés de phosphore. D'après Lionel Camy dans le podcast de la chaine Nuréa TV, l'engrais et la terre volcanique ont naturellement un haut taux de phosphore, mais ce n'est pas le cas de la terre de Bocas del Toro. Le directeur de l'Institut de Médecine Légale panaméenne, Humberto Mas, amène quand à lui l'idée que du jus de citron vert aurait pu être utilisé pour accélérer la décomposition des corps. Cette pratique est une des méthodes de prédilection des cartels d'Amérique centrale. Nous pouvons nous demander ce qui a poussé Mas à affirmer de telles idées dans la presse, mais ce qui est sûr, c'est que cela n'a pas manqué d'alimenter les partisans de la piste criminelle.

Concernant la répartition des restes : certains témoins affirment qu'à l'époque des faits, le niveau d'eau du rio Culebra était de moins d'un mètre, donc insuffisant pour porter des restes. Comment expliquer la cote de Kris retrouvée à plus de 13km du Mirador, et en plus à contre-courant de la rivière ? Et qu'en est-il du pied de Lisanne retrouvé apparemment derrière un arbre et non pas sur le bord de la rivière ? Cela pourrait s'expliquer par les grandes crues, très rapide, que subit la rivière lors de la saison des pluies. 


D) La question des animaux

Quelque temps après que l'on ait retrouvé les restes des filles, une fillette s'est noyée dans la région de Chiriquí, dans une rivière similaire au rio Culebra : son corps a été retrouvé intact une semaine après. Pourquoi le corps des filles est-il dans un tel état ?

Il est difficile de savoir si les filles ont pu être véritablement mangée par des animaux. Ils n'existent que très peu d'animaux au monde capable de dévorer un corps entier avec des vêtements, et il semble d'après mes recherches que la jungle de Bocas del Toro n'abritent pas de gros animaux (bien que certains sources stipulent que des jaguars furent réintroduis dans la forêt quelques temps avant avril 2014). Ce qui est cependant avéré, c'est que la jungle regorge de serpents de toutes tailles, la plupart extrêmement dangereux. On parle de vipères venimeuses qui tombent des arbres et autres énormes serpents des rivières mangeurs de chair fraiche... Les serpents sont-ils la seule explication à l'absence de corps ? Un os recraché par un serpent serait apparement lavé comme les os de Kris. Cet article du blog s'Aventurer confirme que le principal danger du Panama sont les serpents et les insectes, bien qu'il mentionne également la présence de reptiles, de jaguars et d'ocelots.


E) Les erreurs de la police 


Les habitants de Boquete furent très touchés par l'affaire
De manière générale, l'opinion publique s'étonne et condamne l'inefficacité de la police dans cette affaire, ainsi que toutes les erreurs commises par les autorités. Dans un premier temps, comme dit à plusieurs reprises plus haut, on a du mal à concevoir que jamais les opérations de secours n'ait pu trouver les filles, et qu'ensuite personne n'ait pu retrouver une quelconque trace de leur passage dans la foret. Ensuite, il est clair que la police panaméenne fit preuve d'un grand amateurisme en traitant les pièces à conviction de l'affaire : le sac à dos bleu a été manipulé sans précaution et mal analysé et les lieux où on été trouvé les restes n'ont jamais été marqués de manière rigoureuse. En effet, personne n'a géolocalisé de façon exacte l'emplacement des os et des objets retrouvés, ni la manière dont ils étaient posés, enterrés ou cachés lorsqu'on les a découverts. De ce fait, beaucoup de zones d'ombres persistent avec des témoignages contradictoires et des informations très floues.

Certains se demandent pourquoi les autorités n'ont pas cherché à géolocaliser les téléphones des filles lorsqu'elles étaient perdues dans la jungle. Les enquêteurs se sont défendus en expliquant que tout traçage était impossible dans cette zone blanche sans réseau.

Les observateurs critiquent également la police pour son manque d'investissement dans l'enquête, l'ayant rapidement classée comme étant un accident et ayant de ce fait bâclé toutes investigations possibles. Si quelques potentiels suspects ont été rapidement entendus (les jeunes garçons hollandais que les filles ont rencontré le jour de leur disparition, le guide...), d'autres personnes auraient sans doute méritées un interrogatoire digne de ce nom. De plus, les autorités ne pratiquèrent aucun relevé d'empreintes ou d'ADN chez certains intervenant de l'enquête, notamment sur les habitants Ngäbe d'Alto Romero.

Enfin, se pose la question de cette fameuse photo 509. Si elle a bel et bien disparue, comment se fait-elle que les spécialistes techniques de la police ne puissent la retrouver ? Y a-t-il eu une énorme erreur de leur part ?


Malgré les nombreuses protestations, la procureur générale du Panama a toujours refusé toutes les demandes de réouverture du dossier. Beaucoup soupçonnent les autorités de s'être très bien accommodées de la thèse de l'accident, préférable à une enquête criminelle qui nuirait beaucoup au tourisme (l'une des principales rentrées d'argent du Panama).




PARTIE VI LES AUTRES THEORIES



Ces éléments troublants laissent place à de nombreuses spéculations.

A) Les cartels de drogues
En avril 2015, Léo Gonzalez, le chauffeur de taxis de Lisanne et Kris, est retrouvé mort noyé dans un lac plutôt calme de la région de Boquete. Cette mort, considérée comme suspecte, est rapidement associée à la disparition de Kris et de Lisanne. Avait-il vu quelque chose ce jour-là ? De nombreux observateurs sont partisans de la théorie du cartel de drogue. Même si le Panama est réputé plutôt sûr, le pays de part sa géolocalisation est une route de choix pour les passages des cartels mexicains, notamment via la côte de Bocas del Toro. Un cartel aurait pu effacer la photo 509 à partir d'un ordinateur, et auraient réussi à se débarrasser d'une grande partie des corps et des traces des filles, ce qu'aurait eu du mal à faire un groupe d'autochtones vivant dans la jungle.

Pourquoi je ne crois pas à cette théorie : je pense qu'un cartel de drogues qui s'en seraient pris à elles car elles auraient, par exemple, été les témoins malheureuses de quelque chose, n'auraient pas pris la peine de cette mise en scène du sac à dos qui réapparait, des petits bout d'os le long de la rivière, etc. J'imagine que soit toutes traces des filles auraient disparues, soit on les aurait retrouvé tuées d'une balle dans la tête quelques jours après leurs disparitions. Comment expliquer les coups de fils et les photos si les filles n'étaient pas perdues en plein milieu de la jungle ? Un cartel se serait-il vraiment embêté à faire semblant de se servir des téléphones et de l'appareil photo ? Cela ne ressemble pas à leurs manières de procéder. De plus, si il est vrai qu'ils traversent le pays par les côtes, que seraient-ils venus faire au beau milieu de la jungle ? Les conditions de survie dans cet environnement auraient été dangereuses pour eux aussi...


B) Un groupe criminel

Les filles ont-elles été tuées par un groupe de criminels panaméens ? Cette région du Panama a bel et bien son lot de fait divers. D'après cet article de La Estrella de Panamá datant d'août 2014, 51 personnes ont disparu en 2014 dans la province de Chiriquí.


Catherine Johannet, Kris & Lisanne
En février 2017, l'étudiante américaine Catherine Johannet est tuée alors qu'elle s'apprête à aller passer du bon temps à la plage, en pleine journée, sur une île dans la région de Bocas del Toro. Son cas est rapidement associée au cas de Lisanne et de Kris.
En août 2009, l'anglais Alex Humphrey disparait lui à Boquete dans des circonstances beaucoup plus similaires : parti en randonnée dans la jungle, il n'est jamais revenu.

Serait-il possible que les deux hollandaises aient rencontrées malencontreusement un groupe de criminel dans la jungle de Bocas del Toro ? Cela expliquerait l'état de leurs os, la mise en scène de leurs restes retrouvés le long de la rivière, et le sac qui réapparait quasiment comme neuf. Quelqu'un ou un groupe de personnes chercheraient-ils à brouiller les pistes, en plaçant leurs objets loin du réel lieu de leurs morts ?

Pourquoi je ne crois pas à cette théorie :
Selon moi, les deux cas sont très différents. Catherine a été tuée près d'une plage, pour son argent, et son corps a été retrouvé rapidement (édit : en juillet 2018, un panaméen de 18 ans, 17 ans au moment des faits, a été condamné à 12 ans de prison pour le viol et le meurtre de Catherine Johannet). Pourquoi un groupe de criminel s'en seraient-ils pris à elles ? Un crime sexuel ? Qui serait ce groupe qui vivraient terrés dans la jungle ? Pourquoi avoir laissé toutes les affaires qui ont de la valeur et l'argent dans le sac de Lisanne ? Si il s'agit d'un groupe qui les a suivit puis les a tué, pourquoi toutes les photos et les analyses des téléphones nous prouvent qu'elles ont pris un mauvais chemin, qu'elles se sont perdues, que Kris est morte la première puis que Lisanne a péri a son tour ? Ces appels téléphoniques réguliers pendant les premiers jours puis le check du signal pendant 10 jours, ainsi que cette série de photos la nuit sont-ils réellement une mise en scène d'un groupe de criminel ? J'ai du mal à y croire...


C) Le trafic d'organes
Certains pensent que les filles furent victimes du terrible business du trafic d'organes international. Comme en témoigne la carte ci-dessous, le Panama est un pays concerné par ce genre de crimes. Les partisans de cette thèse ont comme principal argument la présence de seuls quelques fragments d'os peu abimés, et lavés.



Pourquoi je ne croix pas à cette théorie : comme dans les deux cas précédents je n'arrive pas à imaginer que ce groupe de criminel se soit donné le mal d'une telle mise en scène, sans se débarrasser du sac à dos et des affaires des filles. De plus, les criminels des trafics d'organes s'en prennent en général à la population pauvre des pays concernés, et ne s'attaquent que rarement aux touristes pour ne pas éveiller l'attention.


D) Les filles ont été tuées et/ou mangées par des indigènes
Certains pensent que les filles se sont en effet bel et bien perdues dans la jungle pendant plusieurs jours, puis ont fait une mauvaise rencontre à un moment ou un autre. Il semble en effet curieux que tournant en rond dans la jungle pendant des jours, elles ne soient jamais rentrées en contact avec des indigènes. Ont-elle rencontré un groupe d'autochtones qui auraient voulu abuser d'elles, et les auraient ensuite tuées ? Cela expliquerait que le sac soit resté au sec dans la maison de l'un d'eux pendant tout ce temps. Est-il possible que le village entier protège la bavure d'un groupe de leur communauté ? Peut-être que le sac a été déposé près d'un autre village dans le but de s'en débarrasser en espérant porter la lumière sur ce clan voisin...
Une famille Ngäbe

Certains émettent aussi l'idée que les filles, sûrement déjà mortes, aient été mangées par des cannibales de la jungle. Bien que relevant presque de la légende, il existerait encore des tribus cannibales dans les régions les plus reculées d'Amérique latine. Les Ngäbe parlent d'une mystérieuse tribu cannibale appelée les Conejos qui vivraient retirés dans des grottes de la jungle, ne sortant que la nuit et mangeant des êtres humains.



Mon avis sur cette théorie : bien que je ne crois pas à la tribu mystérieuse des Conejos, j'expliquerai plus bas dans la partie sur ma théorie pourquoi la thèse des indigènes en partie fautifs me semble très crédible.


E) Les filles ont été enfermées
Mai 2014, une équipe hollandaise re-tente de localiser les filles
Comment se fait-il que les filles n'aient jamais été aperçue par les secours, comment n'ont-elles pu jamais tomber sur des indigènes, pourquoi n'y a-t-il aucune trace de leur présence dans la jungle ? Le guide Feliciano affirme être descendu de l'autre côté du Mirador le 03 avril : il n'a absolument rien vu, ce qui est invraisemblable compte tenu du fait qu'elles étaient très certainement perdues dans cette zone. Une nouvelle équipe hollandaise, accompagnée encore une fois de chien renifleurs, est revenue explorer la jungle en mai 2014 pour une nouvelle session de recherche alors que le climat était devenu beaucoup plus clément : toujours aucune trace des filles. Ces éléments alimentent une théorie partagée par beaucoup d'observateurs : les filles n'étaient pas perdues dans la jungle mais enfermées quelque part, probablement dans une cabane dans la forêt. Tout le reste relève de la mise en scène des ravisseurs, ce qui explique les restes placés de manière ostentatoires le long de la rivière et la côte de Kris qui remonte mystérieusement le courant... Cela pourrait également expliquer les heures quasiment exactes auxquelles les filles cherchaient du réseau (10h et 13h tous les jours) : les ravisseurs faisaient semblant d'utiliser le portable un peu tous les jours pour faire croire à la thèse des filles perdues dans la jungle.

Pourquoi je ne crois pas à cette théorie : si cette théorie tient un peu plus la route selon moi que les théorie des cartels et des groupes criminels, ils restent cependant les mêmes incohérences concernant l'utilisation des téléphones portables et des photos.



F) Le guide Feliciano
Certains journaux sérieux comme The Daily Beast considérent Feliciano comme le suspect numéro 1 de cette affaire. Feliciano est un guide à double facette. A 65 ans, il est à la fois le guide star de Boquete, mais il traine aussi une mauvaise réputation.

Sur cette page du Petit Futé qui lui est consacrée, on retrouve des éléments marquants de l'enquête : ce guide expérimenté parlerait donc un peu de hollandais, proposerait des expéditions sur le volcan Barù (la même expédition prévue le 02 avril avec les filles), ainsi qu'une visite de sa petite ferme dans la montagne. Pas de doute, il s'agit bien du même guide !

Il est vrai que Feliciano est étrangement très investi dans cette affaire, et ce depuis le début. Il a des rôles clés : c'est apparement lui qui contacte en premier les secours et ça serait lui aussi qui aurait retrouvé une partie des os appartenant aux filles. Souvenez-vous, quelques jours avant de disparaitre, les filles ont fait la connaissance d'un guide dans l'école de langues dans laquelle elles devaient effectuer leur mission humanitaire. Ce guide de Boquete leur avait alors proposé de grimper le Mirador par le sentier d'el Pianista, puis d'aller passer quelques temps dans sa cabane située dans la forêt non loin du Mirador. A cause de tous ces éléments, le guide est rapidement devenu un suspect dans la communauté de Boquete. Comme je l'ai évoqué, Feliciano n'a pas qu'une géniale réputation dans la région : lors de la disparition des deux jeunes filles, il fut tout de suite pointé du doigt comme ayant toujours eu un comportement déplacé avec les femmes en voyage à Boquete. Trois détails sont troublants : la proposition qu'il a faite aux filles quelques jours avant leur départ, sa cabane dans la forêt devant laquelle les filles sont peut-être passées, et le fait qu'il aurait un frère vivant dans le village d'Alto Romero où fut retrouvé le sac. A-t-il suivit les filles, puis mis en scène (peut-être avec l'aide de son frère) les restes des filles le long de la rivière pour faire croire a une noyade ?

-> Témoignage trouvé sur un forum : "moi, ma petite amie et un autre touriste sommes allés en randonnée avec ce guide à Boquete. Il n'a pas arrêté de toucher ma petite amie même après qu'elle lui ait dit d'arrêter, lui répétant sans cesse à quel point elle était belle. Nous avions vraiment un mauvais pressentiment à propos de ce guide alors nous sommes allés chercher des informations à propos de lui sur internet. The Daily Beast affirme qu'il aurait une faiblesse pour les Hollandaises et les Allemandes (nous sommes Hollandais) et nous avons trouvé d'autres témoignages similaires au mien. Tous les trois avons alors informé l'hôtel du comportement de guide."


Chemin que les filles ont certainement suivi. En vert, serait l'emplacement de la cabane de Lorenzo/Feliciano. N'ayant aucune idée de comment la personne qui a fait cette carte s'est procurée cette information, il faut comme toujours prendre cela avec beaucoup de recul...


Quoi qu'il en soit, Feliciano a été innocenté par la police et les parents des deux victimes semblent avoir confiance en lui. Comme je l'ai mentionné plus haut, les parents de Kris ont fait plusieurs sessions de recherche dans la jungle avec lui (souvenez-vous de cette vidéo faite par la famille Kremers).

Ce que je pense de cette théorie : dès le début de mes recherches, je me suis demandée pourquoi ce Feliciano s'investissait autant dans l'enquête. Il est selon moi certain que si quelqu'un a suivi les filles et leur a fait du mal, il s'agit de quelqu'un qui connait très bien la jungle. La thèse du guide fait sens, et il n'est absolument pas rare de voir un coupable tenter d'avoir un rôle important dans l'enquête concernant son propre crime... Cette théorie est donc très plausible selon moi. Mais, encore une fois, comment expliquer les preuves numériques que fournissent les téléphones et l'appareil photo ? Et puis, pourquoi les parents lui font-ils autant confiance si il est si suspect ? Enfin, même si il semble en excellente santé physique, il me semble étonnant qu'un homme de 65 ans puisse maîtriser deux jeunes filles assez grandes et athlétiques. Certains émettent l'idée que ses enfants, eux aussi guides, auraient pu facilement l'aider.
Leo Gonzalez, le chauffeur de taxis

Qu'en est-il de ce chauffeur de taxis ? Dans une communauté ou tout le monde semble se connaitre, Léonardo Arturo Gonzalez avait-il reconnu Feliciano près des filles le 01 avril ? Savait-il quelque chose ? Est-ce un hasard si ces hommes ont le même nom de famille, ou bien sont-ils liés ?...

Je me demande si le jour où Feliciano a proposé aux filles cette visite guidée sur el Pianista, il aurait pu leur indiquer que la randonnée pouvait également continuer au-delà du Mirador, là où le sentier touristique s'arrête, si elles acceptaient de faire l'excursion avec lui. Peut-être ont-elles continué de l'autre côté de la montagne, hors du sentier, car elles avaient entendu parler de toutes ces belles choses qu'on pouvait y voir. De ce fait, Feliciano se serait senti un peu coupable, ce qui l'aurait poussé à s'investir autant dans les recherches.

Malgré ces éléments, la piste du guide reste selon moi l'une des plus crédibles.

=> Certaines sources parlent de deux guides : un gentil à la super réputation, et un plus mystérieux à la réputation de pervers. Dans la vidéo faites par les parents de Kris citée plusieurs fois dans cet article, il est dit que les filles avaient rendez-vous avec un certain Chani le 02 avril pour la visite du volcan Barù, et non pas avec Feliciano : mais après observation de certains éléments et commentaires à cette vidéo, il semble que Chani soit tout simplement le surnom de Feliciano...  Le nom de Lorenzo est aussi revenu plusieurs fois dans les sources, comme étant celui qui serait venu alpaguer les filles à l'école de langue. Ce qui est sûr, c'est que Feliciano Gonzalez a grandement participé aux recherches et est assez proche de la famille Kremers. Il est celui qui a une maison dans la forêt et il est le guide le plus mis en avant dans cette histoire.




PARTIE VII MA THEORIE PERSONNELLE

Je tenais vraiment à ce que le premier article de ce blog soit consacré au cas de Lisanne Froon & de Kris Kremers. C'est cette affaire qui m'a donné envie de m'intéresser aux affaires de crimes et de disparitions, et donc d'ouvrir la Crimothèque. Je me renseigne sur ce cas depuis plus d'un an, et j'ai pour cet article fait plus de deux semaines de recherches. Comme tout le monde, je ne suis pas convaincue à 100% de ma théorie finale. Mais je suis parvenue à me forger une opinion solide sur ce qui s'est passé. Je pense qu'il n'y a pas une mais deux théories qui expliquent la disparition des filles.

Le déroulement des faits, selon moi, se découpe en deux phases : 1) les filles sont mortes de manière accidentelle dans la jungle ; puis 2) des agissements humains sont responsables de la suite des événements (les restes, leurs découvertes et le déroulement de l'enquête). 


- Mon récit de l'histoire

Les filles arrivent à Boquete pensant y passer un mois comme professeurs bénévoles dans l'école de langue. Cette mission est repoussée d'une semaine, et Kris et Lisanne doivent donc improviser et s'occuper. Elles ont vent de ce sentier d'el Pianista, assez rapide et accessible à un public inexpérimenté. Le matin du 01 avril, le temps étant au beau fixe, elles décident de se rendre sur el Mirador. Quasiment en totale improvisation, les filles ne préviennent personne de leur plan et partent, les mains dans les poches, effectuer cette randonnée qu'elles s'imaginent facile. Elles ne sont tellement pas préparées qu'elles doivent demander à un aubergiste de Boquete comment se rendre sur le départ du sentier. El Pianista est assez loin de Boquete, à 7km, les filles prennent donc un taxis.


Elles entament la montée du Mirador vers 11h30 et parviennent au sommet de la montagne vers 13h. Il fait très beau, les filles sont joyeuses et stimulées par ces paysages splendides et ce sentiment d'adrénaline d'avoir accompli sans embuche une randonnée exotique en pleine nature sauvage. Galvanisée par toutes ces émotions, Kris et Lisanne décident de continuer leur promenade en explorant l'autre versant du Mirador, en ayant absolument aucune idée de la réalité géographique des lieux et en imaginant que cela doit ressembler au terrain sauvage mais clément du Pianista. Elles suivent ce qui doit être un semblant de sentier de fortune indigène, sans se rendre compte qu'elles sont en train de se perdre complètement. Elles atteignent le rio Culebra une heure plus tard et décident de suivre le fleuve pensant certainement qu'il mènerait à Boquete. Des experts en psychologie expliquent que lorsqu'une personne relativement égarée choisi de suivre un chemin, elle va continuer sur cette voie se refusant inconsciemment à admettre son erreur et à changer de direction. Après trois heures de marche dans la forêt, les filles commencent à fatiguer physiquement et moralement. Comprenant que la situation devient critique, elles effectuent leurs premières tentatives de joindre les secours vers 16h30/17h.

Les jours passent et les filles tournent en rond dans la forêt. La pluie s'abat sur la jungle dès le 02 avril. L'une d'elle (peut-être les deux) est certainement blessée. Elles sont rapidement affectées par les éléments naturels de la jungle, l'eau contaminées qu'elles boivent, le climat terrible, les insectes et autres animaux, la fatigue et la panique. Les serpents, qui refont surface lors de la saison des pluies, constituent sans doute le danger majeur auquel les filles sont exposés. Kris meurt aux alentours du 06 avril. Lisanne reste à ses côtés quelques temps, au moins jusqu'à la nuit du 07 au 08 avril où elle prend en photo l'arrière de la tête de son amie, et où elle tente de se faire repérer par les hélicoptères en prenant une série de 90 photos avec un flash, entre 1h et 4h du matin. La jungle mange tous les sons et absorbe toutes les lumières. Les flairs des chiens (fatigués et désorientés dans cet environnement qu'ils ne connaissent absolument pas) ne suffisent pas face à la jungle, au vent et à la pluie. Lisanne continue son chemin en tentant d'utiliser l'iPhone de Kris. Ne captant jamais de réseau, elle ne prend pas la peine de passer un appel d'urgence, mais elle prend soin d'allumer le téléphone de temps en temps pour checker le signal, et pour tenter de pénétrer dans le mobile en essayant différent code pin. Le 11 avril, très très faible, sans doute quasiment en état de malaise, Lisanne allume le téléphone et oublie de l'éteindre pendant une heure. Reprenant conscience, elle l'éteint. Elle décède peu de temps après, non loin du corps de son amie. Les crues soudaines du niveau de la rivière causées par les pluies diluviennes emportent le corps de Lisanne et de Kris.

Le tableau ci-dessous liste les différents éléments naturels de la forêt qui auraient pu être fatals aux filles. Il permet de se rendre compte de l'extrême hostilité de la jungle.




Je pense que la plupart des éléments troublants peuvent être expliqué par des erreurs policières et par des actions indigènes. Tout d'abord, il semble évident que le sac à dos bleu de Lisanne ait été à l'intérieur durant les dix semaines qui ont séparé la disparition des filles et sa découverte. Il est fort à parier que des Ngäbe l'ont retrouvé quelques jours après la mort de Kris et de Lisanne et l'ont gardé au village, jusqu'à ce qu'ils décident de le ramener au commissariat par peur d'être accusés à tord de quoi que ce soit. Peut-être même ont-ils manipulé les corps qu'ils ont trouvé quelques jours après leurs disparitions, pour des raisons qui nous échappent, et ce sont eux qui sont responsables de cette sorte de mise-en-scène servant à les innocenter. 

Concernant les os : l'extrême amateurisme avec lequel les fouilles pour retrouver les restes semblent avoir été faites rendent ces éléments peu significatifs pour remettre en cause la thèse officielle. Le pied détaché de Lisanne ne s'explique que par un long séjour dans l'eau. Quand aux nombreuses parties du corps jamais retrouvées, je ne serai pas surprise si les recherches ont simplement été mauvaises (et, avouons-le, rendues extrêmement difficiles par les conditions naturelles du terrain) et si les autres restes des corps sont encore enfouis là, le long de la rivière. Les os lavés ont pu être recrachés par un serpent. Des animaux ont peut-être rendu la tâche encore plus difficile en emportant certaines parties des corps et en les emmenant a plusieurs kilomètres. Sinon, comme je l'ai évoqué plus haut, ce sont peut-être les Ngäbe qui ont touché aux corps. 


Malgré cela, je reste ouverte à tout discussion. Certains éléments restent troublants malgré ma version des faits. A vrai dire, aucune théorie n'explique tous les éléments... Je pense par exemple au short retrouvé seul flottant dans la rivière, au sac en bon état et à la photo numéro 509... C'est pour cela que je continue mes recherches et que je garde une oreille attentive à toutes les idées ! Comme je l'ai dis plus haut, si une autre théorie me titille, c'est celle du guide...





PARTIE VIII CONCLUSION

Il est dit que les parents de Lisanne ont accepté la thèse officielle et ne tentent plus de réouvrir l'enquête, tandis que les parents de Kris continuent régulièrement de se battre pour obtenir des réponses aux éléments qui restent flous.



Il y a désormais un panneau en haut du Mirador indiquant la fin du sentier d'el Pianista,
pour inciter les voyageurs à ne pas commettre la même erreur que Lisanne et Kris...

Tous les éléments que nous avons mais également les nombreuses zones d'ombres rendent cette terrible affaire fascinante et déroutante, mais aussi vraiment déprimante. J'éprouve une sincère compassion pour ces deux jeunes filles qui, selon moi, sont loin d'être deux idiotes qui méritent ce qui leur est arrivé, comme j'ai pu souvent le lire. Il est incroyablement triste que l'on s'étonne que deux filles occidentales osent voyager en Amérique latine. Il est important que malgré les horreurs qui se passent sur Terre, les jeunes esprits courageux et voyageurs continuent d'explorer le monde. Il est aussi important de continuer de vivre malgré tous les dangers auxquels on s'expose en traversant simplement la route. Je pense personnellement que Lisanne Froon et Kris Kremers étaient deux jeunes filles intelligentes et courageuses, qui ont terriblement manqué de chance.
J'espère que ces deux jeunes filles sont en paix et toutes mes pensées vont aux familles des victimes.








PARTIE IX LES SOURCES

Vidéos YouTube :
Disparitions Mystérieuses : Le cas Kris Kremers & Lisanne Froon avec Lionel Camy (Nuréa TV)
Kris Kremers & Lisanne Froon; The Missing Girls of Panama (Rick Cleek)
Kris Kremers & Lisanne Froon – Disparues dans la jungle (Distorsion TV)
What happened to Lisanne Froon & Kris Kremers ? (Bella Fiori)
KRIS KREMERS & LISANNE FROON disappearance route (Famille Kremers)

Articles sur le cas :
Page Wikipedia à propos de l'affaire (anglais)
Article contemporain au fait sur un site d'expatrié de Boquete (anglais)
Article 1 du Daily Beast (anglais)
Article 2 du Daily Beast (anglais)
Article 3 du Daily Beast (anglais)
Article concernant les os (espagnol)
Article concernant les disparitions dans la province de Chiriquí(espagnol)
Article contemporain au fait d'NBC News (anglais)
Page Facebook tenue par les familles des deux filles (hollandais)
Article sur la mort du chauffeur de Taxis (espagnol)
Page Facebook de Kris

Forums :
Reddit 1 (anglais)
Reddit 2 (anglais)

Articles, sites et vidéos ne concernant pas l'affaire :
Article sur les animaux du Panama (français)
Posts instagram sur le sentier d'el Pianista
Météo à Boquete en avril 2014 (espagnol)
Vidéo de la jungle de Bocas del Toro et du rio Culebra 
Page Tripadvisor de Feliciano 
Page PetitFuté de Feliciano (français)
11 Jours de Survie Après un Crash Mortel (Juliana Koepcke) (français)

1 commentaire:

  1. coucou merci pour cette article trés bien résumé!!!! on sent plusieurs semaines de recherche!!! c'est tres bien expliqué! apres avoir lu tout en entier j'en arrive a la meme conclusion que toi, je ne pense pas que cela soit criminelle mais plutot accidentelle et je partage entierement ta thése qui semble la plus credible :) y'aura t'il d'autre articles a venir ?

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